Alors que la crise politique paralyse l’exécutif, l’historienne Karine Sitcharn alerte dans Libération sur le risque d’une « nouvelle flambée sociale » dans les territoires ultramarins. Tous les grands chantiers en cours (vie chère, réformes statutaires, reconstruction de Mayotte ou révision constitutionnelle calédonienne) sont suspendus, laissant les populations dans l’attente et l’inquiétude.
Un sentiment d’abandon ravivé
Depuis la démission du gouvernement, aucune décision n’avance. « Dans les DROM-COM, la crise institutionnelle risque de renforcer le sentiment d’exclusion qui teinte les relations avec l’Hexagone depuis des décennies », analyse Karine Sitcharn, enseignante à l’université des Antilles. Selon elle, l’histoire de la Ve République a toujours entretenu une tension entre la quête d’autonomie locale et la revendication d’égalité avec la métropole.
Le ministre démissionnaire des Outre-mer, Manuel Valls, a défendu dans Le Figaro la continuité de « l’effort inédit engagé pour la Nouvelle-Calédonie et les Outre-mer », mettant en garde contre les conséquences d’une dissolution. Mais les effets de terrain tardent à se faire sentir : la “loi sur la vie chère” reste contestée et les négociations locales sont au point mort.
Des critiques de fond sur la politique menée
À droite, les réactions sont cinglantes. Dans une tribune publiée par Valeurs actuelles et intitulée « Outre-mer et dissolution : les approximations et demi-vérités de Manuel Valls », le député européen Rassemblement national André Rougé accuse l’ancien Premier ministre de « débats hors-sol » et d’« aveuglement institutionnel ». Selon lui, « jamais depuis cinquante ans l’Outre-mer ne s’est trouvée en aussi mauvaise situation ».
Entre lassitude et désillusion, la crise politique parisienne agit comme un révélateur : sans pilotage clair ni vision durable, les territoires ultramarins risquent de redevenir, une fois encore, les oubliés de la République.



