À Saint-Laurent-du-Maroni, l’interdiction préfectorale des pétards et feux d’artifice ressemble chaque année à un bras de fer inégal. Alors que la Guyane est soumise à un arrêté strict interdisant vente, transport et usage de ces engins jusqu’en février 2026, les détonations continuent de rythmer les nuits de fêtes. En cause : une réalité frontalière bien connue, celle du Maroni, où la frontière avec le Suriname reste plus théorique que réelle dans le quotidien des habitants.
De l’autre côté du fleuve, la réglementation est nettement plus permissive. Des commerces surinamais continuent de proposer, parfois discrètement mais sans véritable contrainte, des stocks importants d’artifices. Résultat : une partie de la population traverse, s’approvisionne et revient, au mépris de la loi française et des risques bien identifiés. Accidents, blessures graves, troubles à l’ordre public : les raisons de l’interdiction ne sont pourtant plus à démontrer.
Côté français, l’État n’est pas absent. Les contrôles sont renforcés, notamment via le dispositif Atipa, qui sécurise les flux sur le fleuve. Mais la réalité est brutale : sans coopération transfrontalière plus ferme et sans réelle volonté de faire évoluer certaines pratiques culturelles devenues dangereuses, l’action publique reste limitée. L’interdiction existe sur le papier, mais son efficacité se dilue dans un espace où les habitudes priment trop souvent sur la loi.
Ce constat pose une question plus large : celle du respect de l’autorité républicaine dans les zones frontalières. Les traditions ne sauraient justifier des comportements mettant en danger la population, en particulier les plus jeunes. Faire vivre la République en Guyane, c’est aussi assumer une application cohérente et crédible des règles, sans complaisance ni fatalisme face aux contournements permanents.



