C’est une évolution institutionnelle attendue de longue date par les tāvana : l’Assemblée nationale a validé l’élargissement des compétences des maires de Polynésie française. Concrètement, les communes pourront désormais intervenir plus facilement dans huit domaines clés jusqu’ici majoritairement du ressort du Pays, allant de l’aide sociale à la politique du logement, en passant par la culture, le sport ou l’urbanisme. Une clarification juridique qui entérine, en réalité, des pratiques déjà largement assumées sur le terrain.

Dans les archipels comme dans les îles éloignées, les maires rappellent qu’ils sont souvent en première ligne face aux besoins immédiats des administrés. À Arutua ou Raivavae, les projets existent logements pour les jeunes, équipements énergétiques, infrastructures environnementales mais se heurtaient jusqu’ici à une lourdeur administrative paralysante. Le nouveau cadre voté à Paris doit permettre d’accélérer les décisions, sans court-circuiter le Pays ni l’État, mais en fluidifiant les partenariats.

Contrairement aux procès d’intention formulés par certains responsables politiques locaux, il ne s’agit pas d’un transfert de pouvoir déguisé ni d’une remise en cause de l’autonomie polynésienne. Les maires insistent : cette réforme apporte avant tout une sécurité juridique à des actions de proximité, indispensables dans des communes aux réalités très différentes. À Punaauia, par exemple, la transformation d’un ancien site commercial en centre culturel illustre cette capacité nouvelle à co-construire des projets structurants avec le Pays, plutôt que d’attendre des arbitrages interminables.

En toile de fond, cette réforme rappelle une évidence trop souvent négligée : l’efficacité de l’action publique passe par le niveau communal, là où les attentes sont concrètes et immédiates. En donnant aux maires polynésiens des marges de manœuvre élargies mais encadrées, la République renforce la responsabilité locale sans fragiliser l’unité institutionnelle. Une avancée pragmatique, loin des postures politiciennes, qui redonne du souffle à la démocratie de proximité au service des Polynésiens.

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