Le gouvernement de Moetai Brotherson veut marquer les esprits : une TVA réduite à 1 % pour les îles éloignées, censée alléger le coût de la vie et relancer l’activité économique dans les archipels des Tuamotu-Gambier, Marquises et Australes. Présentée comme une mesure de justice territoriale, cette disposition figure au cœur du Rapport d’orientations budgétaires 2026, débattu à l’Assemblée de la Polynésie française.

Le ministre de l’Économie, Warren Dexter, y voit une avancée concrète pour stimuler la consommation et freiner l’exode vers Tahiti. Les produits et services non concernés par le régime des produits de première nécessité, déjà exonérés de TVA, bénéficieraient de ce taux plancher inédit. Une promesse ambitieuse, mais qui, sur le terrain, laisse planer le doute quant à son efficacité réelle. À Rangiroa, le maire Tahuhu Maraeura s’interroge : « Nous saurons sur la durée si cela change vraiment quelque chose dans nos paniers. »

L’opposition, elle, y voit une mesure d’affichage. L’ancien président Édouard Fritch dénonce un manque d’ambition face aux difficultés économiques : « Tout ce qui va dans les archipels est déjà détaxé. Cette TVA à 1 % ne changera rien. » Le débat traduit une fracture classique entre une majorité souverainiste qui multiplie les symboles politiques et une opposition autonomiste qui appelle à la rigueur économique et à une gestion réaliste des finances publiques.

Pour Moetai Brotherson, la ligne est claire : l’État polynésien doit assumer son cap, entre responsabilité budgétaire et affirmation politique. Mais à force d’équilibrisme, le gouvernement risque de se perdre dans les contradictions. L’inscription dans le rapport d’un dialogue sur « l’auto-détermination et la décolonisation » illustre cette ambiguïté : comment réclamer des aides, tout en prônant l’émancipation ?

La Polynésie française demeure pleinement française, avec des besoins concrets : routes, hôpitaux, éducation, pouvoir d’achat. Derrière les slogans, les Polynésiens attendent des résultats tangibles, pas des débats d’appareils. L’unité nationale, elle, ne se négocie pas à 1 %.

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