En Polynésie française, la démographie en recul se traduit désormais par des fermetures de classes. Entre 30 et 40 classes du premier degré sont menacées à la rentrée 2026, et le chiffre de 36 fermetures est déjà avancé par les syndicats comme par le ministère. Officiellement, il s’agit d’“adapter la carte scolaire” à la baisse du nombre d’élèves. Concrètement, cela signifie moins de postes d’enseignants, des classes plus chargées et davantage d’instabilité pour les écoles, en particulier dans les archipels éloignés.
Un choix comptable aux conséquences très concrètes
Depuis plusieurs années, la Polynésie enregistre une baisse continue des naissances. Plutôt que d’en faire un levier pour alléger les effectifs et améliorer les conditions d’apprentissage, l’administration applique une logique strictement numérique : en dessous d’un seuil d’élèves, la classe ferme, les enfants sont regroupés et l’enseignant doit être recasé ailleurs. Dans les îles, cela se traduit par des classes à multiniveaux déjà très lourdes, où un seul professeur doit gérer jusqu’à cinq niveaux pour une dizaine d’élèves, avec des besoins éducatifs de plus en plus complexes.
Le phénomène n’est pas nouveau. Déjà en 2016, plus de vingt classes avaient été fermées sur le territoire au nom du même principe de “rationalisation”. Neuf ans plus tard, la mécanique continue : classes supprimées, postes fragilisés, familles inquiètes, alors même que les établissements réclament davantage de moyens humains pour encadrer les élèves et répondre à la hausse des troubles d’apprentissage et des situations de fragilité sociale.
Dans un territoire archipélagique à 20 000 kilomètres de Paris, où l’école est souvent le dernier service public présent en continu, la question dépasse la simple gestion de tableaux Excel. Derrière ces 36 fermetures annoncées, c’est le maintien d’une école française exigeante, accessible et stable dans toutes les îles qui est en jeu. Les discussions entre syndicats, ministère local et Éducation nationale vont se poursuivre dans les prochains jours. Reste à savoir si la prochaine carte scolaire fera réellement de la baisse démographique un atout pour les élèves polynésiens, ou un nouveau prétexte pour réduire l’école au minimum.



