À la veille de la Journée mondiale de lutte contre le sida, les autorités sanitaires polynésiennes tirent la sonnette d’alarme. Après une décennie de relative stabilité, les nouvelles contaminations au VIH ont brusquement doublé en 2024 et 2025. Alors qu’on comptait en moyenne douze infections par an, le Pays en a enregistré vingt-six cas l’an passé, et déjà vingt-cinq cette année. Aujourd’hui, 210 personnes âgées de 16 à 80 ans vivent avec le virus.
Cette hausse n’est pas un phénomène isolé. Le centre des maladies infectieuses et tropicales observe la même tendance ailleurs dans le Pacifique, notamment à Fidji où une épidémie a été déclarée. En Polynésie, la situation est aggravée par un faible recours au dépistage, ce qui laisse supposer que les chiffres réels sont plus élevés. Plusieurs personnes ont d’ailleurs découvert leur séropositivité par hasard, lors d’un don du sang ou d’examens médicaux.
Des contaminations locales en forte progression
Fait marquant : les contaminations locales sont désormais trois fois plus nombreuses que les cas importés, signe que le virus circule de manière active sur le territoire. Les comportements à risque augmentent, avec des rapports non protégés et des rencontres anonymes facilitées par les réseaux sociaux, rendant quasi impossible l’identification des cas contact. Certains patients connus des services médicaux n’observent pas leur traitement de façon régulière, fragilisant leur santé et accentuant les risques de transmission.
Les soignants constatent également que le VIH fait moins peur qu’autrefois. Les traitements modernes permettent de vivre normalement, mais l’infirmière Anne Teata rappelle que l’infection ne se guérit pas et nécessite une prise en charge à vie. Pour les autorités, cette baisse de vigilance contribue à une transmission silencieuse, d’autant que certaines personnes pensent à tort ne pas être concernées.
La hausse des contaminations représente aussi un enjeu financier important pour le Pays. Le coût des traitements et du suivi médical pèse sur le budget sanitaire, une situation soutenable tant que la progression reste contenue. Les autorités redoutent une dégradation rapide si la dynamique actuelle n’est pas freinée.
Afin de renforcer la prévention, les campagnes d’information commencent dès le collège, malgré les réticences de certains parents. Les équipes assurent qu’il ne s’agit pas d’encourager des pratiques mais de transmettre des repères. Ce lundi 1er décembre, le centre des maladies infectieuses sera présent à l’Université de la Polynésie française pour proposer des dépistages rapides, gratuits et anonymes.
La Polynésie affronte aujourd’hui un défi sanitaire bien réel : en deux ans, le VIH a repris une dynamique inquiétante. Les autorités insistent sur l’importance de la vigilance, du dépistage et de la protection, rappelant que chacun peut contribuer à freiner la circulation du virus.



