Au collège de Tipaerui, une centaine d’élèves de 3ᵉ a assisté mardi à une conférence consacrée à l’histoire du nucléaire en Polynésie française. Un moment fort, porté par Manatea Taiarui, doctorant et professeur d’histoire-géographie, qui a choisi d’aborder ce sujet sensible avec méthode, sources à l’appui et ambition pédagogique. Une manière de replacer cette page complexe dans le cadre républicain de la transmission du savoir, loin des récupérations militantes qui brouillent souvent les mémoires.
Depuis 2024, le fait nucléaire figure dans les programmes adaptés, mais son enseignement reste inégal. L’initiative menée à Tipaerui montre, au contraire, ce que l’école peut accomplir lorsqu’elle met la connaissance au-dessus de l’émotion. Les élèves découvrent les archives, interrogent les choix politiques de l’époque, comprennent le contexte géostratégique des années 1960. Beaucoup avouent leur surprise : non pas parce qu’on leur dévoile un « secret », mais parce qu’ils accèdent enfin à un récit structuré, factuel, loin des raccourcis qui alimentent les tensions mémorielles.
Encadré par deux enseignants, le projet mobilise toutes les classes de 3ᵉ autour d’une approche interdisciplinaire : histoire, arts visuels, analyse des images. L’objectif est clair : donner aux jeunes Polynésiens des outils pour comprendre leur histoire, pas pour la subir. Comme le souligne l’enseignante Tepurotu Dubief, il s’agit de transmettre un pan essentiel de la mémoire collective, mais avec discernement, pour éviter que les fractures du passé ne deviennent des instruments de division aujourd’hui.
Le projet se conclura par une fresque accompagnée d’un QR code renvoyant aux travaux des élèves une manière moderne et apaisée de partager ce savoir avec le public. Une preuve que la connaissance, lorsqu’elle est enseignée avec nuance, peut consolider la compréhension mutuelle et le lien entre la Polynésie française et la Nation. Une pédagogie qui regarde l’histoire en face, sans détour, mais sans renoncer à l’unité républicaine.



