Le Palais de Justice de Basse-Terre vit depuis ce lundi un moment exceptionnel : l’ouverture du procès de Kathron Fortune, alias “Cuchi”, présenté comme le premier tueur en série de la Caraïbe. Le dispositif de sécurité est à la mesure du danger que représente l’accusé : portiques, scanners, rues bouclées et escorte renforcée. Même son avocat a jugé nécessaire de se présenter accompagné d’un garde du corps.
Né à Grenade et élevé à Sint-Maarten, cet homme de 47 ans affiche un lourd passé criminel. Déjà condamné à la perpétuité aux Pays-Bas en 2019 pour double homicide, il doit cette fois répondre devant la justice française des assassinats barbares de trois Français, commis à Saint-Martin entre 2005 et 2006. La première semaine d’audience se concentre sur les meurtres de deux Saint-Martinois, Jomo Maynard et Gilbert Hyman. Le dossier de l’assassinat d’Angélique Chauviré, une jeune femme de 31 ans victime de viols et de tortures avant d’être tuée, sera abordé la semaine prochaine.
Les témoignages recueillis à l’époque décrivent un criminel sanguinaire, animé par la vengeance et la terreur, qui aurait mutilé ses victimes avant de les faire disparaître. Mais vingt ans plus tard, la peur reste palpable : nombreux sont les témoins appelés à comparaître qui hésitent encore à parler face à celui qui se vanterait d’avoir commis “17 meurtres”.
Ce procès hors norme, sous protection maximale, illustre la capacité de la justice française à se saisir des crimes les plus graves commis sur son sol ultramarin, même face à un criminel d’envergure internationale. Une manière claire d’affirmer que, de Basse-Terre à Paris, la République reste une et indivisible, et que nul n’échappe à sa justice.