Les récifs coralliens caribéens connaissent une dégradation rapide et profonde, mettant en péril un écosystème stratégique pour les territoires ultramarins français. Un rapport scientifique international, coordonné par la DEAL Guadeloupe, dresse un constat sans appel et alerte sur l’urgence d’agir.

Publié le 9 décembre 2025, le rapport intitulé État et tendances des récifs coralliens caribéens : 1970–2024 repose sur plus d’un demi-siècle de données scientifiques. Piloté par le CAR SPAW et la DEAL Guadeloupe, il mobilise plus de 200 chercheurs issus de 44 pays et territoires, avec près de 14 000 sites analysés. Son verdict est sévère : entre 1980 et 2024, la couverture en coraux durs a chuté de près de moitié.

Les épisodes de blanchissement massif, directement liés à l’élévation de la température de l’eau, ont marqué plusieurs périodes critiques, notamment en 1998, 2005 et plus récemment en 2023. Ces phénomènes répétés fragilisent durablement les récifs, qui jouent pourtant un rôle central dans la protection des littoraux, la biodiversité marine et l’économie touristique.

Des pressions climatiques et humaines de plus en plus lourdes

Le rapport met en évidence une transformation structurelle inquiétante des récifs. Les espèces de coraux deviennent plus massives, au détriment de la diversité et de la complexité des habitats marins. Cette évolution réduit considérablement leur capacité à abriter poissons et invertébrés, affaiblissant toute la chaîne écologique.

Parallèlement, la prolifération des microalgues a bondi de 85 %, conséquence directe de la disparition progressive des herbivores marins et de l’enrichissement excessif des eaux en nutriments. À cela s’ajoute un facteur majeur : la hausse de la température moyenne de surface de la mer, estimée à +1,07 °C entre 1985 et 2024.

La pression humaine accentue encore cette fragilité. Entre 2000 et 2020, la population vivant à moins de 20 kilomètres des récifs a augmenté de près de 28 %, soit 13 millions de personnes supplémentaires. Urbanisation côtière, rejets polluants et surexploitation des ressources marines aggravent un déséquilibre déjà critique.

Les récifs suivis par le réseau GCRMN-Caraïbe couvrent pourtant près de 24 230 km², représentant près de 10 % des récifs coralliens mondiaux. Face à ce déclin, les scientifiques appellent à une réponse ferme et coordonnée : intégration des récifs dans les politiques climatiques et de biodiversité, réduction des pressions locales, renforcement des aires marines protégées et soutien actif aux programmes de restauration.

Pour les Outre-mer français, la préservation de ces récifs n’est pas un luxe idéologique, mais un enjeu de souveraineté environnementale, de sécurité économique et de responsabilité envers les générations futures.

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