Chaque matin, la RN1 ressemble moins à un axe structurant de la République qu’à un corridor saturé où des milliers de Guyanais perdent des heures de vie. Réveils à 4 h, enfants exténués dès l’aube, salariés résignés face à des retards quotidiens : la situation entre Macouria et Cayenne est devenue le symbole d’un territoire en pleine expansion… mais sans infrastructures à la hauteur.

Il faut désormais jusqu’à deux heures pour parcourir à peine 30 kilomètres. Une absurdité qui touche toutes les catégories : élèves, travailleurs, familles. Beaucoup, comme Leslie, n’ont même plus le choix. Le coût du logement à Cayenne les pousse toujours plus loin vers Macouria, tandis que les chantiers immobiliers se multiplient sans que les routes ne suivent. Résultat : un axe principal totalement engorgé, où les voitures avancent parfois moins vite que les piétons.

Cette crise du quotidien n’est pas une fatalité. Elle est la conséquence directe d’années d’inaction, d’études reportées, de projets annoncés puis oubliés, et surtout d’un manque de vision à long terme. Les Guyanais méritent mieux que des mesurettes ou des promesses saisonnières. Ils ont besoin d’un véritable aménagement du territoire, digne de la France et assumé par l’État comme par les collectivités : transports collectifs fiables, routes adaptées à la croissance démographique, alternatives crédibles à la voiture individuelle.

La Guyane avance, se développe, attire. Mais elle ne peut pas le faire sur des infrastructures du XXᵉ siècle. La mobilité, comme la sécurité ou l’accès à l’eau, est un pilier essentiel de l’égalité républicaine. Et aujourd’hui, sur la RN1, cette égalité n’est plus garantie.

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