La desserte aérienne entre Saint-Pierre et Miquelon est de nouveau au cœur des tensions. Sommée par le président de la Collectivité territoriale de maintenir les rotations jusqu’en décembre 2026, la compagnie Air Saint-Pierre affirme qu’il sera techniquement impossible de poursuivre les vols du Cessna F-406 au-delà de mars 2026. L’appareil, mis en service en 2003, souffre de son âge, de difficultés de maintenance et surtout d’un manque de pilotes qualifiés : l’un des deux commandants de bord a récemment démissionné, et il faudrait près d’un an pour former un remplaçant.
Benoît Olano, président de la compagnie, rappelle que la fin de service du Cessna avait été anticipée : « Ça ne sert à rien d’ordonner de continuer, il arrêtera de voler en mars puisqu’il n’aura plus de pilote ». Il souligne également que maintenir cet avion en exploitation est devenu de plus en plus coûteux, faute de pièces détachées et de main-d’œuvre qualifiée.
Une solution d’urgence autour de l’ATR
Le désaccord avec Bernard Briand, président de la Collectivité, porte sur l’application de la convention signée en mai dernier. Celle-ci prévoit qu’en cas d’indisponibilité du Cessna, l’ATR d’Air Saint-Pierre assure au minimum quatre rotations hebdomadaires. Or, la compagnie affirme avoir proposé cinq rotations, voire davantage, si la Collectivité le souhaite. Benoît Olano dénonce une polémique « politique » qui détourne du problème de fond : trouver une solution durable pour les liaisons inter-îles et les évacuations sanitaires, jusque-là assurées par le Cessna.
Une réunion cruciale est programmée le 6 octobre entre l’État, les élus et la compagnie. Elle devra trancher entre prolonger un système à bout de souffle ou bâtir un nouveau modèle. Comme le résume le patron d’Air Saint-Pierre : « Soit on se lamente sur ce qu’on a perdu, soit on se projette et on travaille sur quelque chose de nouveau. »