Et si le fléau des sargasses devenait une opportunité économique pour la Caraïbe ? C’est le pari d’un projet pilote lancé à Saint-Vincent-et-les-Grenadines par la société britannique Seafields Solutions Ltd, en partenariat avec une entreprise locale. Financé par la Banque mondiale et l’OECO dans le cadre du programme Unleashing the Blue Economy in the Caribbean, il dispose d’une enveloppe de 15 millions de dollars pour transformer cette nuisance en ressource.
Chaque année, ces algues brunes envahissent les côtes, asphyxient la pêche, dégradent le tourisme et empoisonnent la vie des riverains par leurs émanations toxiques. L’initiative vise à récolter les sargasses grâce à une technologie de barrages flottants et de bateaux spécialisés, puis à les transformer sur place en engrais naturels et en charbon végétal pour améliorer la qualité des sols. Ce choix de la transformation locale est stratégique : il permet de créer des emplois, de soutenir l’économie insulaire et de réduire les coûts de gestion liés à ce fléau.
À terme, une coentreprise baptisée Seafields SVG doit pérenniser l’activité, avec l’ambition de servir de modèle pour toute la Caraïbe. Car d’autres initiatives émergent déjà dans la région, notamment en République dominicaine, au Mexique ou à la Barbade, où l’on cherche à valoriser les sargasses en engrais, alimentation animale ou même matériaux écologiques.
Au-delà de la question environnementale, ce projet souligne un enjeu de souveraineté : transformer une contrainte lourde en atout économique. Pour la France ultramarine, directement touchée en Guadeloupe et en Martinique, il s’agit d’un signal fort. Plutôt que de subir, nos territoires doivent eux aussi investir dans l’innovation pour transformer les sargasses en levier de développement et démontrer que l’Outre-mer est une force pour toute la République.