À Sainte-Lucie, le climat de violence s’impose comme un sujet national brûlant.

Dans une allocution télévisée, le chef de l’opposition Allen Chastanet a dressé un tableau sombre, parlant de « pire crise criminelle de l’histoire » du pays. Selon lui, l’administration du Premier ministre Philip J. Pierre affiche une attitude « laxiste », incapable de répondre à l’urgence sécuritaire et, pire encore, silencieuse au moment où la population réclame protection.

Pour Chastanet, les conséquences dépassent largement les rues ensanglantées. Chaque fusillade et chaque agression pèse sur un système de santé déjà exsangue, avec des hôpitaux contraints d’absorber les victimes et de puiser dans des stocks médicaux limités. Il accuse le pouvoir en place de fuir sa responsabilité et de laisser s’installer une forme de complicité par inertie.

Face à ce constat, l’ancien Premier ministre a déroulé son propre plan, qu’il dit prêt à voir appliquer par le gouvernement actuel. Au programme : modernisation des équipements de la Police royale de Sainte-Lucie, formation renforcée, retour de l’unité canine, scanners aux points stratégiques et remise en état du réseau de vidéosurveillance de 1 200 caméras. À cela s’ajoutent des propositions plus musclées : suivi obligatoire des navires, tests polygraphiques imposés aux policiers et douaniers, accélération des procédures judiciaires et création d’une unité CSI spécialisée pour préserver les preuves.

Philip J. Pierre, lui, rejette l’idée d’un immobilisme. Plus tôt dans la semaine, il a défendu son bilan en rappelant les investissements opérés dans la police : modernisation des bâtiments, reconstruction des cellules de garde à vue, renforcement du parc automobile, nouveaux équipements et recrutements accrus. Pour le Premier ministre, sa politique reste claire : tolérance zéro.

Si Chastanet concède que la criminalité ne devrait pas être un instrument de joute politique, il insiste sur un principe simple : les dirigeants doivent des comptes à la nation. À Sainte-Lucie, où la violence gangrène la vie quotidienne, le débat ne se limite plus aux chiffres mais à une question essentielle : qui, du pouvoir ou de l’opposition, incarnera la réponse attendue par une population lasse de vivre sous la menace permanente ?

Illustration : capture d’écran, allocution vidéo d’Allen Chastanet


Patrice Clech

Journaliste et analyste, il consacre ses travaux aux dynamiques politiques, sociales et culturelles des Outre-mer, qu’il explore avec rigueur et passion.

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