La saison 2025 des baleines à bosse s’achève sur un constat alarmant : seulement 79 cétacés identifiés au large de La Réunion, selon les observations de Globice Réunion. Un chiffre historiquement bas, bien loin du record de 1 156 baleines en 2023 et des 406 individus observés en 2024.
Les premières apparitions avaient pourtant eu lieu très tôt, dès avril, au large de Saint-Philippe. Mais après un pic d’observations en juillet, la tendance s’est rapidement essoufflée. « Nous ne sommes pas à l’abri d’en croiser encore quelques-unes, mais la probabilité s’amenuise sérieusement de jour en jour », précise l’association, qui estime à environ 90 le nombre final d’individus comptabilisés cette année.
Les chercheurs évoquent une modification du comportement migratoire des baleines à bosse de l’Antarctique, confirmée par une étude parue dans Nature. La réduction de la couverture de glace de mer, conséquence directe du réchauffement global, bouleverse le réseau alimentaire antarctique. Moins de glaces, c’est moins d’algues et de krill — la base de la chaîne trophique —, et donc moins de raisons pour les cétacés de migrer jusqu’à nos eaux tropicales.
Si les baleines ont boudé la Réunion, Mayotte et la côte Est de Madagascar, elles ont été particulièrement nombreuses sur les côtes du Mozambique et d’Australie, ainsi que sur le banc de l’Étoile, au sud de Madagascar. Ces changements traduisent une adaptation de la migration à des conditions océaniques de plus en plus instables.
Au-delà du symbole, cette baisse de fréquentation inquiète aussi le secteur touristique réunionnais, pour qui l’observation des baleines représente une activité phare de l’hiver austral. Les associations de protection appellent à renforcer la recherche et la sensibilisation, car la raréfaction de ces géantes des mers pourrait devenir un indicateur inquiétant de la fragilité climatique de l’océan Indien.
L’océan Indien perd peut-être un peu de son spectacle, mais surtout un signal vital de son équilibre écologique.



