Le Marigot voit revenir les sargasses plus tôt que prévu et en quantité inhabituelle pour la saison. Depuis mardi 2 décembre, les algues brunes s’accumulent sur le littoral, au moment même où les équipes municipales installent les illuminations de Noël. Habitants, pêcheurs et agents de la commune découvrent un front d’échouages qui, l’an dernier, n’avait atteint le bourg que cinq mois plus tard.

Un littoral piégé par sa géographie

La situation est aggravée par la configuration du site, particulièrement vulnérable. Un marin-pêcheur explique que la mer forte et la forme du littoral empêchent les algues de ressortir une fois entrées dans la zone. Les barrages anti-sargasses envisagés ne tiennent pas face à la houle. La commune, première à avoir testé un dispositif de ce type, n’avait pu le maintenir que 24 heures. Le maire Joseph Péraste confirme que des vagues pouvant atteindre six mètres franchissent l’enrochement et facilitent l’entrée des algues dans le plan d’eau abrité.

Sous pression, la municipalité reconnaît ses limites d’anticipation. « Nous ne sommes ni Monsieur ni Madame Soleil », insiste le maire, qui dit dépendre des prévisions de l’État pour organiser les interventions. Faute de visibilité, les équipes municipales se rendent chaque matin sur place pour évaluer l’ampleur du phénomène, sans pouvoir établir de planning stable.

Pour tenter de réagir, la ville a investi dans un Truxor, machine de fauchage et de ramassage aquatique. Mais son usage est limité aux zones abritées et devient dangereux dès que la mer se dégrade, avec un risque réel de retournement. Chaque année, la gestion des sargasses représente près de 100 000 euros pour la commune, un effort budgétaire lourd qui mobilise les mêmes agents que ceux chargés de l’entretien ordinaire des quartiers.

Pour l’instant, aucune odeur toxique n’a été signalée, ce qui permet de maintenir la pose des décorations et des guirlandes sur le ponton. Les équipes poursuivent le travail, poussées par l’attente de la population. Mais la mairie le reconnaît sans détour, si l’évacuation ne suit pas rapidement, les habitants seront les premiers à subir les conséquences sanitaires et sociales de ces échouages. Noël, au Marigot, se prépare donc dans l’incertitude, entre volonté de fête et urgence écologique.

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