Le bras de fer entre la direction de la SAUR et les syndicats martiniquais atteint son point de rupture. Dans un courriel envoyé dimanche 5 octobre, le PDG du groupe, Patrick Blethon, a laissé éclater sa colère après près de deux mois de grève paralysant la distribution d’eau dans le nord de l’île. “Je me casse”, a-t-il écrit, dénonçant “des prérogatives infondées et injurieuses” et accusant les syndicats de “porter préjudice aux populations”.
Un ton sans précédent, qui traduit la lassitude d’une direction excédée par un conflit social devenu interminable. Selon Fabrice Hazard, directeur régional Outre-mer, “le retrait de la SAUR du contrat avec Cap Nord est désormais une possibilité envisagée”. Une réunion décisive est programmée ce mercredi avec les responsables locaux et la direction internationale du groupe pour trancher la question.
Le désaccord principal reste inchangé : la SAUR propose une prime exceptionnelle de 5 000 euros à tous ses salariés, tandis que les syndicats exigent le paiement des jours de grève, une demande jugée “inacceptable” par la direction. “Le code du travail est clair, les jours de grève ne sont pas payés”, rappelle Fabrice Hazard.
Alors que la population subit depuis huit semaines une distribution d’eau très perturbée, le climat social s’envenime. Si la SAUR mettait sa menace à exécution, le retrait du groupe bouleverserait tout l’équilibre du service public de l’eau dans le nord de la Martinique. Ce scénario, inédit, illustrerait jusqu’où peuvent mener la radicalisation syndicale et l’épuisement d’une entreprise confrontée à un dialogue social devenu impossible.



