En partenariat avec les Hôtels Karibea

Chaque année, des centaines de Guadeloupéens et Martiniquais se rendent dans l’Hexagone pour se faire soigner. Un exil médical souvent nécessaire, mais éprouvant, qui révèle les limites du système de santé ultramarin.

Un choix de survie plus qu’un choix de confort

Joëlle Fanny, 44 ans, aide médico-psychologique au Lamentin, fait partie de ces patients. Atteinte d’un cancer du sein, elle repart se faire opérer à l’Institut Gustave-Roussy, en région parisienne. « Ce n’est pas un caprice, c’est un choix réfléchi après un suivi défaillant : examens retardés, manque de médecins référents, besoin d’un deuxième avis », explique-t-elle. Comme elle, de nombreux malades préfèrent s’exiler, faute de soins spécialisés ou de confiance dans les hôpitaux locaux.

Selon l’Agence régionale de santé, plus de 6 % des patients antillais se rendent chaque année en métropole pour un traitement. Certaines disciplines, comme la chirurgie pulmonaire, atteignent même 86 % de départs. Ces voyages médicaux, bien que souvent vitaux, entraînent un lourd coût humain et financier : éloignement familial, frais de logement et de transport rarement remboursés.

Pour soutenir ces patients isolés, l’ancienne malade Nathalie Chillan a fondé Kayso, une plateforme d’aide logistique et morale. « Beaucoup de femmes cherchaient un hébergement ou un billet d’avion, c’était récurrent », raconte-t-elle. Aujourd’hui, Kayso accompagne aussi des hommes, souvent atteints de cancers de la prostate, en quête de discrétion et d’expertise.

Guadeloupéenne de 45 ans, Marina Maliapin témoigne : six mois passés en métropole, 3 000 euros dépensés, mais une prise en charge « rapide et efficace ». Si elle ne regrette rien, elle pointe une évidence : « Là-bas, j’ai senti que ma vie comptait. »

D’après les chiffres de l’ARS, le taux de fuite reste élevé dans une quarantaine de spécialités, notamment en chirurgie et médecine générale. Un indicateur clair d’un système de soins ultramarin encore fragile, où partir se faire soigner n’est pas un choix, mais une nécessité.

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