Le projet de loi de finances 2026 confirme une orientation budgétaire inquiétante : 4 000 postes d’enseignants seront supprimés en France, au nom d’une logique comptable que le gouvernement justifie par la baisse démographique. En Guadeloupe, cette annonce ravive la colère d’un corps enseignant déjà fragilisé par des années de coupes successives.
Depuis plus d’une décennie, l’académie de Guadeloupe paie le prix fort : classes surchargées, postes non remplacés, et résultats scolaires parmi les plus faibles du territoire national. Le secrétaire général du SPEG, Jean Dernault, dénonce une approche « purement statistique » qui ignore les réalités locales : fort taux d’illettrisme, décrochage de plus de 1 600 élèves par an, et besoins pédagogiques spécifiques.
Pour le syndicat, la baisse des effectifs d’élèves ne saurait justifier la diminution des moyens : « Ce qu’il faut, c’est adapter les ressources, pas les réduire. La Guadeloupe ne peut pas être gérée comme un département hexagonal », martèle Jean Dernault.
Le gouvernement promet en parallèle la création de postes de professeurs stagiaires accessibles dès la licence, une mesure que les syndicats considèrent comme un aveu de faiblesse, face à la crise de vocation du métier. « Former plus tôt ne veut pas dire former mieux », prévient le SPEG, pointant un risque de dégradation de la qualité de l’enseignement.
Une fois encore, la Guadeloupe semble prise en étau entre rationalisation budgétaire et besoin criant de justice éducative. Dans un territoire où l’école reste le principal levier d’ascension sociale, la République ne peut se permettre de jouer la rigueur au détriment de l’avenir de ses enfants.