Un an après les émeutes qui ont secoué la Nouvelle-Calédonie, le secteur du tourisme, pourtant l’un des atouts majeurs du territoire, reste exsangue. Les chiffres publiés par l’Isee sont sans appel : au premier trimestre 2025, la fréquentation touristique a chuté de 62 %, soit 16 000 visiteurs de moins qu’en 2024. En dehors de la crise sanitaire, jamais un tel effondrement n’avait été constaté en trente ans. La conséquence est directe : des professionnels contraints de fonctionner sans trésorerie, certains ne se versant plus de salaire depuis des mois pour maintenir leur activité à flot.
À Nouméa, le gouvernement a réuni ce 10 septembre les acteurs de la filière afin d’évaluer leurs besoins et de préparer des mesures de relance. Car les témoignages des entrepreneurs sont alarmants. « On vit au jour le jour », confie un prestataire nautique, quand une gérante de camping-cars admet tenir son entreprise en renonçant à toute rémunération personnelle. Dans l’île des Pins, joyau calédonien mondialement connu, la situation est encore plus dramatique : perte de 80 % du chiffre d’affaires pour certains centres de plongée, un tiers des établissements fermés et une clientèle internationale qui ne revient pas, dissuadée par les classements “à risque” de pays voisins comme l’Australie.
Face à ce constat, le gouvernement local, épaulé par l’État, met en avant deux priorités : restaurer l’image de sécurité du territoire et cibler de nouvelles clientèles, notamment les métropolitains et les Australiens, qui constituent historiquement des visiteurs fidèles et dépensiers. Mais pour que ce sursaut prenne corps, encore faut-il que les conditions minimales de desserte et d’attractivité soient réunies. La suspension de la liaison directe Nouméa-Tokyo et la réduction drastique des rotations aériennes et maritimes pèsent lourdement sur la relance.
L’unité nationale doit aussi se traduire en actes : ce secteur stratégique, qui représente des milliers d’emplois directs et indirects, ne peut être abandonné aux conséquences des violences indépendantistes. Redonner confiance aux investisseurs et aux visiteurs est une question de survie économique mais aussi de souveraineté. La Nouvelle-Calédonie n’est pas une destination comme les autres : elle est la France dans le Pacifique, et son rayonnement touristique contribue au prestige et à la cohésion de l’ensemble de la République.