L’aéroport Roland-Garros a été le théâtre, ce mardi 9 décembre, d’une vaste opération anti-stupéfiants mobilisant policiers, gendarmes et douaniers. Sous la supervision du préfet Patrice Latron et de la procureure Véronique Denizot, les passagers du premier vol en provenance d’Orly ont subi des contrôles approfondis, sur la piste comme dans le terminal. Fouille des voyageurs, inspection des bagages, chiens renifleurs, ciblage renforcé : la stratégie est claire, montrer que l’État ne laissera pas l’île devenir une plaque tournante du narcotrafic.

La multiplication des mules confirme l’urgence. Depuis le début de l’année, 52 d’entre elles ont été interpellées à La Réunion, un record. Certaines transportent de la drogue, d’autres de l’argent destiné à remonter vers l’Hexagone : en 2025, une mule a été arrêtée avec 500 000 euros en liquide. En parallèle, les établissements pénitentiaires, notamment le quartier femmes de Domenjod, saturent sous l’effet de ces arrestations répétées.

Un dispositif régalien renforcé

Depuis 2021, les effectifs conjoints de police, gendarmerie et douanes ont doublé sur la plateforme aérienne. Un nouveau scanner mobile doit également être déployé au Port pour remonter les filières qui utilisent le fret maritime, postal ou express. Car les vecteurs se diversifient : voitures importées, colis, valises piégées, voyageurs recrutés par des réseaux qui exploitent pauvreté et naïveté. Les agents le rappellent : les saisies, pourtant en forte hausse, ne représentent qu’une fraction du trafic réel. Cette montée en puissance s’accompagne d’une action de prévention. La campagne Fais pas ta tête de mule s’adresse directement aux voyageurs, rappelant les peines encourues, de plusieurs années de prison à des amendes très lourdes. L’État veut frapper sur tous les fronts : répression, renseignement, dissuasion.

À Roland-Garros, les opérations coup de poing deviennent régulières. En octobre, le contrôle de 451 passagers avait permis la saisie de 20 kilos de cannabis et l’interpellation de quatre personnes. Les services parlent désormais d’un tsunami blanc venu de métropole, alimenté par une explosion des saisies de cocaïne : 50 kilos interceptés en 2024, dont la moitié à l’aéroport.

Pour le préfet, la ligne est désormais tracée. La Réunion ne doit pas devenir un marché-cible pour les narcotrafiquants et encore moins un corridor entre l’Europe et l’océan Indien. L’État assume une stratégie offensive, persuadé que seule une pression constante permettra d’enrayer l’économie criminelle. Depuis ce matin, le message est clair : à La Réunion, force reste à la loi.

Privacy Preference Center