C’est un événement inédit : pour la première fois, la Vierge Noire de Rocamadour, protectrice des marins, prendra la mer pour rejoindre la Martinique. La statue embarquera à bord du voilier Fortinet – Best Western, mené par les skippers Romain Attanasio et Maxime Sorel, à l’occasion de la Transat Café L’Or 2025 reliant Le Havre à Fort-de-France.
Une traversée bénie entre foi et mer
La statue sera bénie au Havre le 22 octobre avant d’être confiée aux deux navigateurs qui vogueront vers les Antilles. Elle arrivera début novembre en Martinique, où le diocèse de Fort-de-France prévoit une cérémonie d’accueil solennelle. La Vierge sera d’abord exposée à la cathédrale Saint-Louis avant d’être installée à la chapelle du Calvaire.
Pour Monseigneur David Macaire, archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France, cette traversée a une signification profonde. Ce n’est pas seulement une statue qui prend la mer, a-t-il déclaré, mais un message d’espérance et de fraternité. La mer ne sépare pas les peuples, elle les relie.
« L’étoile de la mer »
Vénérée depuis le Moyen Âge dans son sanctuaire du Lot, Notre-Dame de Rocamadour est connue comme Stella Maris, l’étoile de la mer. Ce vocable, né d’une ancienne transcription du nom de Marie, symbolise la lumière qui guide les marins dans la nuit et les protège des tempêtes. Dès le XIIe siècle, les navigateurs bretons et basques invoquaient déjà la Vierge de Rocamadour avant de prendre la mer.
L’histoire de cette dévotion est intimement liée à la France maritime. En 1172, plusieurs sauvetages en mer furent attribués à la Vierge. En 1183, le roi Henri II Plantagenêt fit construire à Camaret-sur-Mer une chapelle dédiée à Notre-Dame de Rocamadour, dernière vision des marins avant de quitter la rade de Brest. Et en 1535, Jacques Cartier et son équipage, frappés par le scorbut au large du Canada, retrouvèrent la santé après une prière à la Vierge.
Depuis des siècles, les marins l’appellent Stella Maris, l’étoile qui les guide vers le port sûr. Sa cloche miraculeuse aurait sonné d’elle-même chaque fois qu’un marin échappait au naufrage. En l’emportant sur l’Atlantique, Romain Attanasio et Maxime Sorel perpétuent cette tradition de foi et de protection, reliant la Normandie et la Martinique dans une traversée où la mer devient un chemin d’unité et d’espérance.