À l’occasion du Matavaa, le grand festival culturel des Marquises, l’île de Ua Huka a mis en place un dispositif exceptionnel de biosécurité pour protéger le pihiti, un perroquet endémique devenu l’emblème du territoire. L’afflux de visiteurs en provenance de toute la Polynésie accroît en effet le risque d’introduction d’espèces invasives, en particulier le rat noir, véritable fléau pour la biodiversité insulaire.
À Ua Huka, la règle est claire : aucun passager ne pose le pied sur l’île sans contrôle. Bagages, fret maritime et aérien sont systématiquement inspectés, notamment à l’aide de chiens spécialement formés à la détection des nuisibles. L’association Vaiku’a, en première ligne sur ces questions, rappelle qu’une seule introduction accidentelle suffirait à déséquilibrer durablement l’écosystème local. La vigilance est d’autant plus élevée que des signalements récents ont fait état de la possible présence d’un bulbul, autre espèce invasive particulièrement destructrice pour les oiseaux endémiques et les cultures.
Un oiseau rare, symbole d’un équilibre fragile
Le pihiti, aussi appelé lori ultramarin, ne subsiste aujourd’hui plus qu’à Ua Huka. Autrefois présent sur plusieurs îles des Marquises, il a disparu ailleurs sous l’effet conjugué des espèces invasives et de la pression humaine. Grâce à une politique stricte de prévention, sa population est désormais stable, estimée entre 1 500 et 2 000 individus. Un succès fragile, qui repose presque exclusivement sur l’absence du rat noir sur l’île. Les festivaliers, nombreux à découvrir cette réalité, se montrent globalement favorables à ces contrôles stricts. Pour beaucoup, la protection du pihiti dépasse la seule question environnementale : elle touche à l’identité même de Ua Huka. L’oiseau est à la fois un marqueur culturel fort et un maillon essentiel de l’écosystème, notamment pour la dispersion des graines et la pollinisation.
Alors que l’île s’apprête à célébrer sa culture lors du Matavaa, Ua Huka rappelle qu’ouvrir ses portes au monde ne peut se faire qu’à une condition : préserver, sans compromis, un patrimoine naturel unique.



