Le couperet est tombé un jeudi matin d’août, dans la salle des Pas Perdus de la cour d’appel de Fort-de-France : Rodrigue Petitot, figure bruyante du Rpprac (Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens), n’ira pas derrière les barreaux mais vivra un an enfermé chez lui, un bracelet électronique à la cheville comme compagnon. Une peine qui, malgré son aménagement, a fait l’effet d’une gifle pour l’intéressé et ses soutiens.
Autour de lui, une poignée de militants avait fait le déplacement, certains massés à l’extérieur du tribunal, d’autres installés à l’intérieur, attendant le verdict d’un dossier qui traîne depuis novembre 2024. Ce jour-là, Petitot et plusieurs partisans avaient pénétré la résidence préfectorale, geste symbolique et spectaculaire dans un climat de contestation sociale déjà enflammé. Interpellé le lendemain, l’homme avait refusé de se soumettre et s’était heurté aux forces de l’ordre, ce qui lui avait valu une avalanche de chefs d’accusation : violation de domicile, intimidation envers un préfet, outrage, rébellion et incitation à la rébellion.
En janvier dernier, la justice l’avait sanctionné d’un an de prison avec sursis. Une claque sans douleur, jugée trop clémente par le parquet, qui avait aussitôt fait appel. Résultat : un nouveau procès en juin, deux journées d’audience durant lesquelles l’avocate générale avait dressé un portrait sévère du prévenu, réclamant une condamnation ferme pour l’ensemble des faits. La décision avait été mise en délibéré, et c’est cette attente qui s’est achevée ce 21 août.
La cour a confirmé une partie des griefs. Petitot est reconnu coupable de violation de domicile, d’intimidation et d’outrage contre des représentants de l’autorité publique, ainsi que de rébellion en réunion. Mais les juges ont revu leur copie sur certains points : la qualification de « violence ayant entraîné une interruption de travail » a été écartée, atténuant légèrement le dossier. Pas de quoi satisfaire le leader contestataire, qui a immédiatement dénoncé une « injustice », estimant qu’une détention, même à domicile, restait une détention.
Derrière ses déclarations rageuses, la stratégie juridique se cherche encore. À la sortie du tribunal, son avocat évoquait la possibilité d’un pourvoi en cassation, tout en rappelant que la décision venait à peine de tomber et qu’une discussion approfondie s’imposait avant d’aller plus loin. En attendant, c’est chez lui que l’agitateur devra purger sa peine, surveillé à distance, mais toujours libre de faire entendre sa voix.
Ainsi s’achève un chapitre judiciaire qui aura tenu en haleine militants et autorités pendant près de dix mois. Pourtant, au vu de la personnalité du condamné et de ses antécédents, il est peu probable que ce bracelet électronique suffise à le réduire au silence.
Photo : Hellwar / Wikimédia (CC BY-SA 4.0)

Patrice Clech
Journaliste et analyste, il consacre ses travaux aux dynamiques politiques, sociales et culturelles des Outre-mer, qu’il explore avec rigueur et passion.


