Trois jours. C’est le délai qu’il a fallu à Kettry pour quitter maison, travail et proches afin de s’envoler vers Paris avec sa fille Indyra, 6 ans, atteinte d’un cancer du rein. Comme 95 % des enfants martiniquais diagnostiqués chaque année, la petite n’a pas pu être soignée localement. Les médecins ont imposé un départ immédiat vers l’Hexagone, ne laissant à la famille qu’un quart d’heure pour décider qui accompagnerait l’enfant.
À Paris, Kettry vit désormais à proximité de l’hôpital Necker, hébergée dans une maison des familles. Ses journées se résument à un combat permanent, rythmées par les soins et l’angoisse. « Être constamment dans ce contexte hospitalier, H24 avec un enfant malade, sans répit, c’est dur », confie-t-elle. Le père, resté en Martinique avec leur fils de deux ans et demi, tente tant bien que mal de maintenir un équilibre familial, tout en effectuant des allers-retours coûteux et épuisants.
Cette situation met en lumière une réalité insupportable : l’absence d’infrastructures adaptées en Martinique pour traiter les cancers pédiatriques. Faute de moyens, des familles entières sont brisées par la séparation, condamnées à un exil forcé à 7 000 kilomètres. Derrière les statistiques encourageantes — plus de 90 % de guérison si les traitements sont engagés à temps — se cache une douleur sociale et humaine que la République ne peut ignorer.
Un signe fort de solidarité est attendu ce samedi soir à Fort-de-France : la Ligue contre le cancer Martinique illuminera la tour Lumina à 20h. Un ruban humain sera formé en hommage aux enfants malades, à leurs familles et aux soignants. Cet événement symbolique rappelle que la lutte contre le cancer doit être aussi un combat pour l’égalité réelle entre l’Hexagone et les Outre-mer.