La ministre des Outre-mer, Naïma Moutchou, a annoncé ce jeudi à La Réunion le report de l’examen du projet de loi contre la vie chère. Le texte, déjà adopté au Sénat mais largement jugé insuffisant, ne sera finalement pas inscrit tout de suite à l’Assemblée nationale. Une pause assumée, officiellement pour « aller plus loin » et retravailler l’équilibre du projet.

Un texte contesté et des attentes qui grandissent

Présenté comme une urgence par le Premier ministre, le projet de loi voté fin octobre n’a convaincu ni les élus ultramarins ni les acteurs économiques. Dans des territoires où les écarts de prix atteignent 42 % pour l’alimentaire et où la dépendance logistique demeure structurelle, beaucoup avaient déjà dénoncé un texte trop centré sur la régulation et pas assez sur la relance économique locale. En Martinique, les émeutes de l’automne 2024 avaient illustré la profondeur du malaise et l’épuisement d’un modèle fondé sur le contrôle plutôt que sur la compétitivité.

La ministre dit vouloir « travailler avec les parlementaires », reconnaissant implicitement que le texte, dans son état actuel, n’apporte pas de réponse durable aux réalités du terrain. Ce report intervient alors que deux réformes majeures ont également été retirées du budget 2026 : la révision des exonérations de cotisations patronales (Lodéom) et celle de la défiscalisation des investissements productifs. Abandonnées pour ne pas « fragiliser les Outre-mer », ces mesures soulignent l’impasse d’une politique qui cherche encore son cap entre maîtrise budgétaire et soutien au développement.

Les élus ultramarins appellent désormais à une approche plus structurelle : simplification, liberté d’entreprendre, défiscalisation et soutien massif à la production locale. Autant d’orientations qui, pour beaucoup, demeurent les seules capables de réduire durablement les prix et de sortir les territoires du cycle des tensions sociales. Pour l’heure, le gouvernement se donne du temps. Les Outre-mer, eux, n’en ont plus beaucoup.

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