À l’approche du 25 novembre, journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, la Martinique affiche une hausse spectaculaire des signalements. En 2023, plus de mille femmes ont déclaré des violences, contre moins de cinq cents en 2017. En six ans, les faits recensés ont donc plus que doublé, s’inscrivant dans une dynamique nationale où les violences conjugales et sexuelles progressent également.
Une réalité sous déclarée qui exige prévention et fermeté
Les spécialistes rappellent d’abord que ces chiffres restent en dessous de la réalité. Selon les estimations nationales, seule une victime sur dix porte plainte. Autrement dit, les mille cas enregistrés sur l’île ne représentent qu’une fraction du phénomène, notamment parce que les violences psychologiques, économiques ou numériques restent les plus difficiles à identifier et à signaler.
L’observatoire territorial souligne aussi des facteurs aggravants propres au territoire, comme l’isolement, certaines dépendances économiques et la proximité familiale dans un espace insulaire réduit. Ces contraintes peuvent freiner les démarches des victimes, renforcer l’emprise et retarder la sortie des violences, ce qui impose une réponse publique adaptée aux réalités locales.
Sur le terrain, des outils pédagogiques comme le violentomètre servent à aider les jeunes et les adultes à reconnaître les comportements violents dès les premiers signes, chantage, dénigrement, menaces. L’enjeu est clair, faire reculer les violences passe par une prévention très en amont, dès l’école, et par la destruction des stéréotypes qui banalisent encore trop souvent l’emprise et la domination.
Autour du 25 novembre, la Martinique multiplie conférences, marches et actions de sensibilisation. Cette mobilisation est nécessaire, mais elle ne suffira pas sans une politique continue, une justice ferme, et un accompagnement solide permettant aux femmes de se protéger, de reconstruire leur autonomie, et de ne jamais être laissées seules face à la violence.



