C’est une scène malheureusement trop familière pour les voyageurs d’Outre-mer : ceux qui rentraient de la COP30 ont découvert samedi soir, à l’aéroport Félix-Éboué, que leurs bagages… n’avaient jamais quitté Belém. Air France a confirmé aux passagers que l’avion était « trop plein » et que les valises des voyageurs terminant leur trajet en Guyane avaient été laissées au sol, au profit des bagages de transit Paris et des clients Sky Priority. Une hiérarchie qui passe mal pour des habitants déjà confrontés à l’enclavement aérien.
Avec un seul vol par semaine, l’affaire prend des allures de mauvais feuilleton. Beaucoup s’attendent à ne revoir leurs affaires qu’au prochain rotation, soit dans plusieurs jours. Une situation d’autant plus grave que certaines valises contiennent des médicaments, du matériel médical, ou encore des appareils respiratoires indispensables au sommeil. Des passagers venus de communes isolées comme Camopi soulignent par ailleurs le coût et la difficulté d’un second déplacement à Cayenne pour récupérer leurs bagages.
Au-delà de l’agacement, c’est un sentiment d’injustice qui domine. Comme trop souvent, les usagers ultramarins ont le sentiment de compter moins que les voyageurs hexagonaux, de passer après les « prioritaires », et de subir des décisions logistiques opaques sans la moindre communication en retour. Jusqu’à ce lundi, aucune réponse claire n’avait été apportée par Air France hors l’accusé de réception automatique des réclamations.
Ce nouvel épisode rappelle combien l’offre aérienne dans nos territoires reste fragile et combien il est urgent que les grandes compagnies considèrent enfin les passagers ultramarins avec le respect dû à tout citoyen français. Lorsque la continuité territoriale se résume à un vol hebdomadaire et des bagages laissés à quai, c’est la cohésion nationale qui vacille.



