À l’heure où la COP30 se réunit à Belém pour multiplier les déclarations sur le climat, à Halalo, sur la côte sud de Wallis, l’urgence ne se discute pas, elle se vit. Ce qui était, il y a quelques décennies, un véritable coin de paradis a changé de visage. Le banc de sable a presque disparu, le rivage recule saison après saison, ne laissant que des troncs morts et des cocotiers menacés. « À l’époque, il y avait au moins cinquante mètres de plus, un banc de terre, de la végétation, puis un long banc de sable. Quand on se tenait ici, on ne voyait même pas l’îlot Saint-Christophe », se souvient un habitant du village.
Une érosion ancienne, aggravée par les prélèvements de sable
À Halalo, la montée des eaux ne suffit pas à expliquer le recul spectaculaire du littoral. Depuis des décennies, l’homme a largement entamé le capital naturel de la côte. Le prélèvement massif de sable, parfois à l’aide d’engins mécaniques, a fragilisé la mangrove et les plages. Dès 2016, des habitants tiraient déjà la sonnette d’alarme, reconnaissant que les constructions en dur et la demande en matériaux avaient accéléré la disparition des plages. Aujourd’hui, les souches d’arbres déracinés témoignent d’un littoral déstabilisé, gagné peu à peu par la mer.
Les données climatiques confirment que Wallis-et-Futuna fait partie des territoires les plus exposés à la montée du niveau de la mer dans le Pacifique sud-ouest. Les terres agricoles côtières, comme les plantations de taro, sont menacées par l’infiltration d’eau salée. Mangroves, récifs et zones littorales montrent des signes de fragilité, et l’érosion côtière a été identifiée depuis des années comme l’un des premiers effets visibles du changement climatique sur l’archipel.
Face à cette avancée inexorable, les familles de Halalo s’organisent avec les moyens du bord : des murets de pierres sont construits pour protéger les dalles sur lesquelles reposent les maisons.
Pendant que les négociations internationales s’enchaînent, la mer, elle, ne négocie rien. À Halalo, les habitants de Wallis-et-Futuna sont à la fois témoins et premières victimes d’un phénomène qui n’appartient plus au futur mais au présent. Leur réalité rappelle une évidence que Paris et les grandes capitales ne devraient jamais oublier : défendre la France, c’est aussi protéger ses rivages les plus éloignés.



