Un petit oiseau brun au ventre rouge fait trembler les autorités de Wallis. Le bulbul à ventre rouge (Pycnonotus cafer), originaire d’Asie et déjà bien implanté en Nouvelle-Calédonie, menace désormais les cultures et la biodiversité de l’île. Une campagne d’éradication a été lancée par le service territorial de l’Environnement, avec l’appui de deux chasseurs venus du Caillou.

Une espèce envahissante sous surveillance régionale

Introduit accidentellement dans le Pacifique, le bulbul à ventre rouge a colonisé plusieurs archipels, où il perturbe les écosystèmes. Classé espèce exotique envahissante prioritaire par la Nouvelle-Calédonie, il s’attaque aux fruits (papayes, tomates, mangues), aux abeilles, et contribue à la dissémination de plantes invasives comme le faux poivrier et le miconia.

« Malgré sa petite taille, c’est un oiseau très agressif qui concurrence directement les espèces locales », rappelle Patrick Barrière, de l’Agence néo-calédonienne de la biodiversité.

En Nouvelle-Calédonie, des opérations de régulation sont menées chaque année de Boulouparis à Yaté. À Wallis, la menace est plus récente, mais les autorités veulent agir vite : sept ont déjà été abattus, principalement autour du district de Mu’a.

Observation, piégeage, élimination

Les techniciens calédoniens ont d’abord établi un quadrillage précis du territoire, de 300 mètres par 300 mètres, pour repérer les zones de présence. Des pièges sonores diffusant le cri du bulbul permettent de localiser les individus. Les oiseaux capturés servent ensuite d’appelants pour attirer leurs congénères.

« Si c’est un oiseau local, on le relâche. Si c’est un bulbul, il sera gardé pour la suite de la campagne », explique Sosefo Malau, technicien du service de l’Environnement.

Une fois la cartographie établie, les équipes passent à la phase d’élimination au fusil de chasse. L’opération doit s’achever d’ici le 18 octobre.

Un risque d’expansion vers les Marquises

La vigilance s’étend désormais à d’autres territoires du Pacifique. L’association Manu a récemment repéré des bulbuls à Nuku Hiva, aux Marquises. Elle alerte sur une possible colonisation inter-îles, notamment par le transport maritime : « S’il s’installe durablement, c’est la fin des fruits, des légumes et du miel », prévient-elle.

Une lutte régionale contre un fléau silencieux

Le bulbul à ventre rouge a déjà fait des ravages en Nouvelle-Calédonie, où il a été introduit par accident dans les années 1980. Malgré des campagnes de régulation, sa population y reste stable. Des pièges multicaptures sont en cours de conception par l’Agence calédonienne de la biodiversité et les élèves du lycée agricole de Pouembout pour aider les maraîchers.

À Wallis, les autorités espèrent éviter le même scénario. Mais la bataille s’annonce difficile : ce petit oiseau, opportuniste et prolifique, pourrait rapidement transformer le paysage agricole et écologique de l’île.

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